La COP16 sur la biodiversité s’est achevée le 1er novembre 2024 avec des avancées notables pour répondre aux urgences de la biodiversité, mais aussi des points cruciaux qui restent malheureusement en suspens, comme celui du soutien financier des pays du Nord à ceux du Sud. Retour sur ces 10 jours de négociations.
Cop 16 Biodiversité - Octobre 2024
La 16e COP (Conférence des Parties) sur la biodiversité s’est achevée le 1er novembre à Cali, en Colombie, après 10 jours de négociation et un bilan mitigé. L’enjeu de cette COP Biodiversité, qui se réunit tous les deux ans, est de mettre autour de la table les représentants de près de 200 pays pour qu’ils trouvent collectivement les moyens d’inverser l’effondrement de la biodiversité. Et l’enjeu est de taille : chaque jour, entre 150 et 200 espèces disparaissent de la surface du globe, selon l'ONU. On a déjà perdu 69 % de la population d'animaux sauvages en moins de 50 ans. Un million d’espèces sont aujourd’hui menacées, selon WWF.
Alors, que retenir de cette édition ? Quels engagements concrets ont été pris pour enrayer la perte de biodiversité ?
COP 16, des décisions qui ne sont pas à la hauteur des enjeux de protection de la biodiversité
D’abord, un point rapide sur ce que sont les COP (Conférences des Parties). Ces rencontres internationales sont destinées à favoriser la coopération entre les pays signataires. Si les COP sur le climat sont bien connues (la prochaine se tiendra du 11 au 22 novembre en Azerbaïdjan), les COP sur la biodiversité, sous l'égide de la Convention sur la diversité biologique (CDB), sont tout aussi cruciales. Instituée en 1992 lors du Sommet de la Terre de Rio, la CDB a pour objectif de protéger la biodiversité, d'assurer son utilisation durable et de promouvoir un partage équitable des ressources génétiques.
Bien comprendre à quoi servent les COP
Pour rappel, la COP15 en 2022 avait abouti au pacte de Kunming-Montréal, dont l’ambition est de protéger 30 % des terres et océans d’ici 2030. Cet objectif « 30x30 » est devenu un cap symbolique et stratégique.
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À Cali, les 196 parties devaient cette année fixer le cadre de suivi de ces engagements et déterminer un processus de reporting des différents pays. Beaucoup considéraient ce sujet comme l’enjeu N°1 de cette COP16 et malheureusement, les participants n’ont pas trouvé d’accord sur ce point. « On regrette vraiment de ne pas avoir pu aboutir à un cadre de suivi solide pour bien mettre en œuvre les engagements pris à la COP15 de Kunming-Montréal en 2022, ce qui était pour nous l’enjeu principal de cette COP », a déclaré le cabinet de la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
Le sujet sera remis sur la table à la prochaine COP en 2026.
Autre échec majeur de cette édition : l’absence de décision sur le soutien financier des pays du Nord à ceux du Sud.
Pour les pays en développement, les fonds existants ne suffisent pas à répondre aux besoins pour protéger réellement la biodiversité. Il réclament la création d’un nouveau fonds de solidarité. De leur côté, les pays riches disent ne pas vouloir multiplier les outils de financement… Les négociations sont donc restées au point mort.
Mais des avancées notables notamment sur la prise en compte des peuples autochtones
Quelques réussites tout de même pour cette COP16 à Cali… La première d’entre elles est la création d’un groupe permanent de représentation des peuples autochtones au sein de la Convention pour la diversité biologique. Objectif de ce groupe : s’assurer que les intérêts des peuples autochtones soient pleinement pris en compte dans toutes les négociations à venir. Les peuples autochtones gèrent et protègent en effet environ 80 % de la biodiversité mondiale. Ils sont enfin reconnus comme des partenaires clés.
Les participants ont aussi validé un texte important sur le partage des ressources génétiques. De précieuses informations sont en effet contenues dans l’ADN des espèces et utilisées dans de nombreuses industries (pharmaceutiques, cosmétiques, alimentaires,...). Des industries principalement situées dans les pays riches alors que ces ressources viennent de pays en développement, qui réclament des compensations financières. Le principe a été posé lors de cette dernière COP. “Le fonds Cali” est un nouvel outil financier qui sera alimenté par les entreprises faisant du profit grâce au “génome numérisé” de plantes ou d’animaux. Elles devront désormais verser 0,1 % de leurs revenus ou 1 % de leurs bénéfices. Au moins la moitié des financements récoltés devra être fléchée vers les peuples autochtones et les communautés locales. Le problème, c’est que ce dispositif n’est pour l’instant pas contraignant… le financement est donc loin d’être assuré.
10 idées pour protéger la biodiversité au quotidien
Le bilan est donc en demi-teinte pour cette 16e COP. Espérons que la Conférence des Parties pour le Climat en novembre sera, lui, le fruit d’avancées majeures.
Côté biodiversité, rendez-vous a été donné à l’ensemble des parties en 2026 en Arménie pour la COP17.