On le sait, limiter les effets du dérèglement climatique implique de diminuer drastiquement notre consommation d’énergies fossiles. Et si, loin de ne représenter que des privations, ce régime énergétique “forcé” était une chance pour nous tous ?
©Andy Sanchez Nuit étoilée
La sobriété énergétique désigne la réduction volontaire de la consommation d’énergie sous toutes ses formes (électricité, essence, gaz, etc.). Elle implique un changement comportemental, individuel ou collectif. Voici presque deux ans que cette notion est (enfin) sortie de la sphère écolo pour devenir grand public. Si elle figurait déjà à l’article 1 de la loi sur la transition énergétique de 2015, il aura malheureusement fallu une guerre pour passer à l’action. Cela explique probablement qu’on associe la sobriété énergétique à la privation, à la peur du black-out, au froid et à l’obscurité… pas de quoi faire rêver. Pourtant, consommer moins d’énergie génère de multiples bienfaits, individuels et collectifs. Panorama des vertus de la sobriété énergétique !
Un avenir pour l’humanité
Pour endiguer le changement climatique, nous devons renoncer aux énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole), émettrices de gaz à effet de serre, et qui représentent aujourd’hui 80 % de l’énergie primaire utilisée dans le monde. Le défi est sans précédent ! La sobriété est l’un des trois piliers de la transition énergétique avec le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Dans le scénario élaboré par l’association négaWatt, la sobriété énergétique permet en 2050 de réduire de 28 % nos consommations d’énergie par rapport à 2015. De quoi respecter l’objectif de 2 t de CO2 équivalent par personne et par an et sauver de l’embrasement notre belle planète !
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Plus de biodiversité
La pollution lumineuse est une cause essentielle d’extinction de la biodiversité (insectes, oiseaux, chauve-souris…). Or la sobriété énergétique implique moins d’éclairages publics. Un arrêté de 2013 impose déjà l’extinction de l’éclairage des façades, vitrines et bureaux après 1h du matin. Cette mesure mérite d’être davantage contrôlée et appliquée ! De nombreuses communes font aussi le choix d’éteindre les réverbères en pleine nuit. Des décisions très pertinentes à encourager avec en prime de superbes nuits étoilées à la clé et un sommeil de meilleure qualité !
Moins de mortalité
La pollution de l’air a provoqué 238 000 morts prématurés dans l’UE en 2020 en raison des particules fines émises par les voitures, le chauffage des bâtiments, les activités industrielles et les centrales thermiques. La sobriété énergétique au sens large implique de réduire le trafic routier et la consommation d’objets, et donc d’attaquer directement la cause de cette surmortalité. Chaque vie sauvée est une victoire !
De la sérénité
Il n’y a pas que la pollution aux particules qui tue. Un rapport réalisé par le Conseil national du bruit et l’Agence de la transition écologique (Ademe), publié en juillet 2021, pointait que 25 millions de Français sont exposés à des niveaux sonores nocifs, principalement causés par les transports (voitures, deux roues, avions...). Or les effets du bruit chronique sur la santé sont dévastateurs : augmentation du rythme cardiaque, de la tension artérielle, réduction des défenses immunitaires. Encore une bonne raison de ralentir et d’adopter des modes de transport doux. Vive la marche et le vélo qui eux-mêmes renforcent notre santé physique comme morale. Un bel exemple de cercle vertueux !
Des vies préservées sur la route
En 2022, 3 550 personnes sont décédées sur les routes françaises. Même si ce chiffre a beaucoup diminué ces dernières décennies, il est toujours trop élevé ! La vitesse excessive ou inadaptée reste la première cause d’accidents. Plusieurs études confirment que le nombre d’accidents mortels diminue avec la baisse de la vitesse. Par conséquent, il serait tout à fait pertinent de réduire la vitesse autorisée sur voies rapides de 110 à 100 km/h et sur les autoroutes de 130 à 110 km/h. À défaut, anticipons la loi. Rien ne sert de courir, il faut partir à point !
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Des économies à la clé
Réduire la température de son logement d’un seul degré Celsius permet de réaliser déjà 7 % d’économie ! Passer de 130 à 110 km/h sur l’autoroute réduit la consommation de carburant de 25 %. Covoiturer pour aller travailler, en plus de plein d’amis, peut vous rapporter des centaines d’euros d’économie chaque année. Et que dire quand on parvient à remplacer une voiture par un vélo électrique pour aller travailler ? Comme le frugalisme et le minimalisme, la sobriété énergétique est un gisement d’économies très important. Plus que motivant à l’heure où l’inflation grignote notre pouvoir d’achat. Retrouvez ici tous nos conseils pour réaliser des économies d’énergie !
Plus de télétravail
74 % des trajets domicile-travail sont réalisés en voiture. Autant dire que ces derniers doivent être ciblés en priorité pour appliquer une politique de sobriété énergétique. Associé au développement des transports en commun, du covoiturage et des pistes cyclables, le travail à la maison permet de réduire ces déplacements parfois inutiles. Et le télétravail, quand il est bien géré, ça a du bon : du calme, plus de productivité, plus de temps pour soi et pourquoi pas une petite sieste après le déjeuner ?
Retrouvez sur notre site tous les écogestes à adopter en télétravail, nos 10 astuces pour ne pas avoir froid à la maison et tous nos conseils pour cheminer vers une sobriété énergétique heureuse !
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Sobriété énergétique : où en est-on ?
D’après Eurostat, la consommation de gaz a baissé de 20,1 % pour l’ensemble de l’Union européenne sur la période d’août à novembre 2022 par rapport à la période 2017-2021. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, la demande d’électricité européenne a quant à elle diminué de 3,5 % en 2022.
En France, la consommation de gaz naturel a également chuté de 20 % en 2022, ce qui nous place dans la moyenne européenne. Quant à la consommation électrique, selon RTE, elle a diminué de 9 % lors de la saison hivernale 2022-2023 !
En progrès, poursuivons nos efforts !
Côté pétrole en revanche, les résultats sont médiocres : la consommation de l'ensemble des produits pétroliers énergétiques en France (en incluant le transport aérien, le fioul domestique, etc.) a augmenté de 3,7 % en 2022 par rapport à 2021 (mais restait inférieure de 5,4 % au niveau de 2019, avant la pandémie de Covid).
Peut mieux faire, mais pas de découragement !