Ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, nous avons choisi d’aborder un sujet qui nous tient à cœur : l’écologie et les femmes.
Les chiffres l’attestent : les femmes sont plus préoccupées que les hommes par le devenir de la planète. Mais elles ne se contentent pas d’angoisser. Elles agissent aussi ! Chez elles, dans la société, dans l’entreprise. Au risque parfois de s’essouffler et de se sentir bien seules face à l’immense défi que représente la lutte contre le réchauffement climatique.
Écologie, charge mentale et charge morale des femmes, le décryptage du Kaba.
Hanna Postova Unsplash
Les femmes, en première ligne du combat écologique
La lutte contre le réchauffement climatique a fait naître des figures féminines très fortes, Vandana Shiva, Ruth Buendia, Lamya Essemlali, et dernièrement Greta Thunberg. Souvent en première ligne, les femmes donnent de la voix pour lutter contre les effets du réchauffement climatique.
Au quotidien, dans leur foyer, les femmes sont également les premières à prendre des initiatives et adoptent plus volontiers des gestes verts1. D'après une étude menée en 2015 par le Pew Research Center, les femmes seraient plus inquiètes des bouleversements climatiques que les hommes2. Elles seraient également plus nombreuses à postuler à des postes de développement durable et de RSE3.
Comment expliquer cette différence d’intérêt entre hommes et femmes pour l’écologie ?
On connaît les vieilles rengaines… Par nature, les femmes prendraient davantage soin de leur foyer, et - par extension - de la planète. Une idée bâtie sur l’idée que les femmes auraient une plus grande sensibilité et un sens de la responsabilité sociale accrue par rapport aux hommes.
En réalité, cette question met surtout en évidence la construction sociale genrée de nos sociétés occidentales. Les filles sont éduquées dans la valorisation de l’empathie et du care. Cela infuse dans leurs comportements et les amène à prendre soin des autres… et de l’environnement.
Mais quoi de plus stressant que d’avoir l’avenir de la planète sur les épaules ?
Les femmes, premières victimes du changement climatique
- Les femmes ont 14 fois plus de risques de mourir que les hommes lors de catastrophes climatiques.
- Les femmes représentent 70% des populations les plus pauvres et sont donc immédiatement impactées par le changement climatique.
- Les femmes produisent jusqu’à 80% de l’alimentation dans certains pays. Et lorsque les ressources se tarissent et que les sols s’assèchent, elles sont en première ligne pour affronter ces changements climatiques et apporter des solutions.
- Les tampons hygiéniques utilisent 24% des pesticides mondialement produits.
L’écologie, la consommation responsable et le couple
Aux yeux de 58% des Français, nos modes de vie seraient en grande partie responsables du réchauffement climatique4. Conscients de leur rôle à jouer dans cette lutte pour préserver l’environnement, de plus en plus de citoyens se lancent dans des démarches éco-responsables : circuits courts, courses en vrac, réduction des déchets, produits ménagers maison…
Mais adopter un nouveau mode de vie - c’est à dire questionner ses achats, décrypter des étiquettes, chercher des alternatives, cuisiner maison, etc - demande de la volonté et de l’énergie !
Et oui, consommer mieux prend du temps… Du temps que votre conjoint, vos enfants, vos proches ne sont pas forcément prêts à prendre. Ce qui peut générer des conflits et le sentiment désagréable de “faire le boulot” pour les autres.
Halte à la charge mentale écolo !
Aujourd’hui, 71 % des travaux domestiques sont réalisés par les femmes5. En moyenne, cela représente 28 heures par semaine dédiées aux tâches ménagères, contre 17 heures pour les hommes.
Et cette inégalité dans la répartition des tâches peut parfois s’amplifier dans les foyers écolos. Car cuisiner maison, faire ses produits, s’approvisionner dans la ferme d’à côté… allongent cette liste des tâches ménagères.
C’est ce qu’explique Marie Donzel, directrice associée au sein du cabinet AlterNego, experte de l'innovation sociale : “Avec la conscientisation écologique et environnementale, on s’est mis à parler de la charge environnementale, notamment pour tout ce qui est l'écologie des petits gestes, à savoir le fait d'acheter local et bio, de trier, de veiller à produire le moins possible de déchets. Mais dans les faits, tous ces petits gestes se rapportent à des responsabilités domestiques portant sur les femmes.”
Et voilà donc la fameuse “charge mentale” qui s’amplifie ! À laquelle s’ajoute la “charge morale” puisque ces gestes verts ont une portée symbolique forte.
“Avec 3 enfants en bas âge, je connaissais déjà le principe de la double-journée entre mon travail, les courses, la maison… Mais c’est vrai que j’ai parfois l’impression d’avoir ajouté un niveau de difficulté en me mettant au vrac, en arrêtant l’industriel, en faisant la chasse au plastique” raconte Charlotte, 39 ans. “Cela ajoute aussi une pression morale. Quand je craque en achetant un déjeuner tout fait, je dramatise : j'ai l’impression de fouler au pied tous mes principes ”
Car, en préparant des goûters maison pour ses enfants ou en râpant ses copeaux de savon, c’est la planète que Charlotte veut sauver. Une sacrée pression…
Heureusement, de plus en plus d’hommes se retroussent les manches pour participer à l’adoption des gestes verts dans le foyer. Des études récemment publiées démontrent que les jeunes hommes, issus des nouvelles générations, sont moins réticents à l'idée d'adopter des comportements éco-responsables dits "féminins" que leurs aînés6. Serions-nous sur la bonne voie ?
Nos conseils pour rester zen
Vous prenez parfois votre mission trop à cœur ? Voici quelques conseils pour alléger votre quotidien tout en restant écolo !
- Acceptez de ne pas être parfaite. La société demande aux femmes d’être des mères attentionnées, collègues efficaces, amies fidèles, écolo affirmées. Vous avez raté votre recette ? Craqué pour une lessive liquide industrielle ? Et alors ? Vous êtes humaine ! Un moment de relâchement ne remettra pas en cause qui vous êtes, ni vos engagements.
- Soyez conciliante et ouverte à l’échange. Votre conjoint n’est peut-être pas aussi renseigné que vous sur les sujets de consommation écolo. S’il revient de courses avec une montagne de produits suremballés aux compositions douteuses, pas d’énervement ! Expliquez-lui calmement comment il aurait pu faire des choix plus responsables.
- Téléchargez l’application PIXY, qui permet de départager et comptabiliser les tâches domestiques et vos gestes verts. Vous verrez, ça vous enlèvera un poids et facilitera vos échanges !
- Sensibilisez vos proches à la cause environnementale. C’est aussi votre mission d’éveiller leur curiosité pour que cela devienne l’affaire de tous (et pas seulement la vôtre).