La France produit chaque année environ 3,5 tonnes de déchets plastiques. En Europe, ce sont entre 150 000 et 500 000 tonnes de plastique par an qui finissent dans les océans.
Utilisation de ressources fossiles, micro-particules qu’on retrouve jusque dans nos assiettes,… on reproche beaucoup de choses au plastique. De nombreuses alternatives plus “écolos” ont le vent en poupe depuis quelques années. Mais ces bioplastiques et plastiques biodégradables sont-ils vraiment une solution ?
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Les bioplastiques en quelques mots
Le terme “bioplastique” devient de plus en plus commun, mais qu’est-ce qui se cache vraiment derrière ce terme ?
On trouve d’une part les plastiques biosourcés qui sont fabriqués entièrement ou en partie à partir de matières organiques, mélangées à des matières fossiles. Or moins de 40% d’entre eux sont conçus pour être biodégradables et pour la plupart les matières premières sont issues de l’agriculture intensive (utilisation d’intrants, pesticides, monoculture…).
D’autre part, on trouve les plastiques biodégradables. Dit comme ça, cela semble la solution parfaite ! Mais attention, tous ne se ressemblent pas. Certains plastiques d’origine organique ne sont pas biodégradables, comme le PE biosourcé par exemple. Et paradoxalement il existe des plastiques classiques, à base de pétrole, qui sont biodégradables comme le PLC.
Des plastiques compostables ou biodégradables : attention aux subtilités
Beaucoup d’objets en plastique à usage unique sont interdits en France depuis janvier 2020, mais la plupart du temps, les pailles, couverts et gobelets en plastique sont remplacés par les mêmes objets en plastique biodégradable ou compostable. Ce n’est pas pour autant qu’ils peuvent tous finir dans votre lombricompost, un petit éclairage s’impose !
On dit d’un matériau qu’il est biodégradable dès lors qu’il peut être entièrement assimilé par un environnement via les micro-organismes qui se nourrissent de ses composants pour se fournir en énergie. La plupart des sachets plastiques en supermarché sont biodégradables en 6 mois, ce qui veut dire que le milieu aura permis la décomposition du matériau en eau, azote, méthane ou dioxyde de carbone et biomasse sans que cela ne soit néfaste pour l’environnement.
Attention cependant, certains produits sont dits biodégradables en milieu marin, cependant rien ne prouve pour le moment leur impact sur la vie marine.1
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Il existe différentes manières de composter. Le compostage industriel se fait dans des conditions contrôlées qui optimisent la biodégradation des matériaux. Souvent au niveau territorial les usines de compostages permettent la récupération de matière organique sous forme de compost.
Pour les matériaux compostables en compost individuel, il suffit de placer le matériau dans votre compost de jardin.
Les bioplastiques comme solution miracle ?
Les bioplastiques polluent moins par leur fabrication, en effet il n’y a pas ou peu d’usage de pétrole et pour la plupart, les plantes dont ils sont issus capturent du carbone ce qui compense l’empreinte carbone de ces matériaux.
Mais il y a plusieurs ombres au tableau. D’abord, les plastiques biosourcés biodégradables coûtent cher à produire. De plus, les cultures nécessaires à leur fabrication utilisent de l’espace et des ressources qui pourraient être dédiées à l'alimentation, et bien souvent ces cultures abîment les sols.
Les plastiques biosourcés non biodégradables restent une source de pollution non négligeable, surtout que la diversité de plastique complique les chaînes de recyclage. Plus il y a de plastiques différents, plus il faut de chaînes de recyclages spécialisées, or aujourd’hui les volumes de bioplastiques triés ne sont pas suffisants pour que les filières de récupération soient rentables.
Les bioplastiques sont donc une alternative mais pas une réelle solution durable.
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Des pistes pour limiter les impacts de bioplastiques
La première des solutions serait tout simplement de limiter l’usage de plastique ! Un mode de vie plus sobre et une consommation visant à réduire les déchets et emballage permettent d’aller dans la bonne direction.
Les ressources organiques utilisées pour les bioplastiques pourraient provenir de déchets agricoles ou bien des algues comme le propose Algopack.
Au niveau de la gestion de la fin de vie, il pourrait être envisageable de limiter le nombre de bioplastiques sur le marché afin de développer des filières de recyclage spécifiques.
Comme souvent quand on se questionne sur les alternatives écologiques, il n’y a pas de solution parfaite, mais différentes options à creuser. En tant que consommateur, s’informer permet de faire ses choix en connaissance de cause et d'avancer petit à petit pour diminuer son impact.
sources :
Gelinas Laurent, “PLASTIQUES BIOSOURCÉS : ÉTUDE DE LEUR PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE COMPARATIVEMENT AUX PLASTIQUES PÉTROCHIMIQUES”, Centre universitaire de formation en environnement, Université de Sherbrooke, Mai 2013