Les bougies parfumées éco-responsables, l’odeur sans les risques santé
Ylang-Ylang, figuier, orange fondante, cuir, bergamote… Les parfumeurs ont souvent le chic pour nous enivrer dès la lecture de l’étiquette. Avec des senteurs olfactives de plus en plus complexes et travaillées, l’univers de la bougie parfumée s’est développé ces dernières années, du bon marché au plus haut-de-gamme. Les flacons des jus précieux font office de véritables objets d’art, venant parfaire la décoration des intérieurs les plus luxueux. Disponible pour une poignée d’euros en revanche, la bougie bon marché se décline de toutes couleurs et tailles sur les étalages des supermarchés. Avec un principal danger à la clé : ses émanations et des conséquences potentielles pour la santé et l’environnement. D’ailleurs, ce n’est pas parce que sa cire fond entièrement que la bougie ne pollue pas, tant par son processus de production que de par sa combustion. Ne vous laissez donc pas avoir par son mini-prix : qui dit accessible ne veut pas dire inoffensif… L’équipe Le Kaba est allée creuser de plus près.
Bougies et risques toxiques
Vous vous doutez bien que l’odeur entêtante de votre bougie préférée à la vanille est issue d’un arôme chimique et non de la gousse tombée entre deux orchidées du Mexique. Pour autant, vous ne voyez pas comment un produit en libre-service pourrait être dangereux… Certes, il y a peu de chances que vous expiriez à la première inhalation. Mais cela ne signifie pas qu’on vous a mis au courant de tout. Selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’Energie), l’impact des bougies en combustion est toxique, et ce quelle que soit la nature de la cire. L’émanation des COV (Composants Organiques Volatiles) impacterait les voies respiratoires et serait hautement cancérigène 1.
Deux réglementations européennes (AFNOR pour les risques d’incendie, et et surtout CLP, pour Classification Labelling Packaging) sont en vigueur. Si la CLP oblige à lister les potentiels risques d’allergie et dangers environnementaux, pas sûr que le packaging de votre bougie porte bien l’étiquette en question. L’étiquette CLP, également appelée fiche de sécurité, contient des pictogrammes des dangers liés à l’utilisation du produit. Mais les fabricants sont tenus légalement de la fournir aux professionnels revendeurs… qui à leur tour ne sont pas tenus de la transmettre aux particuliers - sauf si ces derniers la demandent - .
En attendant, il existe un indicateur : si la bougie sur laquelle vous lorgnez est emballée, c’est qu’elle ne doit entrer en aucun cas en contact direct avec le consommateur en cas de risque allergique grave. Elle est donc soumise à la norme CLP. Attention : si vous tombez sur une bougie de grande surface non emballée, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle est inoffensive ! A condition d’adopter un faible pourcentage de parfum de synthèse, certains fabricants arrivent à passer en dessous des seuils minimum de classification CFP… contournant ainsi la norme d’étiquetage.
De la pétrochimie aux cires végétales : l’impact environnemental des bougies parfumées
Pour des raisons de coûts, une grande majorité des bougies commercialisées dans nos grandes surfaces est fabriquée à partir de paraffine, un dérivé du pétrole. Obtenu à l’extraction de la matière première, ce produit stagne et contribue à la pollution de l’air. Faites aussi attention à l’argument séducteur des cires “végétales” qui (malgré leur nom) ne sont pas forcément vertes pour autant. Ainsi la cire de soja est obtenue au terme d’une succession d’étapes chimiques à forte empreinte carbone. A l’échelle industrielle, elle est dévastatrice en termes d’utilisation de pesticides, d’OGM, et de déforestation. C’est encore pire pour la cire de palme, ennemie jurée de la biodiversité.
Pour autant, toutes les cires végétales ne sont pas à bannir : si la culture de soja demeure peu répandue en France et en Europe (elle est majoritaire aux Etats-Unis et en Asie), il existe des productions Européennes plus respectueuses de l’environnement. Plus fréquemment, c’est la culture de colza que l’on retrouve. En plus d’avoir un impact carbone plus limité, elle obéit à un cycle particulier : une saison sur deux, on fait pousser le colza après avoir cultivé du blé ou du maïs, pour que le sol se régénère et s’azote. Cette technique permet ainsi d’éviter l’appauvrissement des sols, et même d’augmenter les rendements agricoles 2.
Bougies parfumées éco-responsables : le bon compromis des cires animales
Une fois en possession de ces quelques éléments de connaissance, vous pouvez à présent choisir la bougie qui sera la plus éco-responsable, de la cire à la mèche. En plus des cires de colza et des cires de soja, on peut aussi compter sur les cires animales, soit la cire d’abeille, et les cires issues de graisses animales reconditionnées. Là aussi, non sans quelques pièges : la culture de cire d’abeille étant très répandue en Chine, évitez de gâcher vos bonnes intentions avec des coûts de transport (et d’empreinte carbone) XXL. Veillez aussi à ce que la cire soit 100% d’abeille et non “à base de”, faute de quoi vous inhaleriez inconsciemment un mélange inévitable de cire d’abeille… et de paraffine. Il est aussi possible de se procurer de la cire d’abeille et de faire son propre coulage en pot afin de fabriquer sa propre bougie parfumée. Pour terminer, la graisse animale dérivée des élevages de viande peut-être revalorisée, au lieu d’être jetée. Une solution de recyclage et d’anti-gaspillage viable pour la production des cires animales, mais qui reste pour l’instant très peu répandue dans le secteur de la bougie et des fondants.
Une bougie vraiment éco-responsable ne se trouvera pas comme par magie : un petit travail de recherche et un déplacement en magasin spécialisé pourraient bien être de la partie avant l’achat !
Parfumer son intérieur et garder par la suite un bel objet de décoration, tout en minimisant les risques pour votre santé et l’environnement… Les trois sont possibles, il n’y a plus qu’à regarder le comparatif.