Tout comprendre sur les voitures électriques pour décarboner ses déplacements
En 2022, les véhicules diesel et essence représentaient toujours 99 % des 38 millions de voitures particulières en circulation en France. Pourtant, les ventes de véhicules électriques s’accroissent chaque année, portées par une politique volontariste du gouvernement français : une belle opportunité pour ce dernier de soutenir la « croissance verte » !
Mais ne s’agit-il pas d’un mirage ? Existe-t-il des modèles plus vertueux que d’autres ? Si vous faites partie des nombreux écolos qui se torturent l’esprit sur ce sujet explosif, Le Kaba l’a déminé pour vous.
Des voitures thermiques vouées à disparaître
N-12 pour la fin programmée des voitures thermiques. En 2035, les constructeurs automobiles devront les bannir de leurs chaînes de production. Et pour cause : le transport, donc majoritairement la voiture individuelle, est l’activité qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre en France (31 % en 2019). Chaque Français émet en moyenne 10 tonnes d’équivalent CO2 par an, dont 2,6 tonnes attribuables à la voiture. Pour limiter l’augmentation des températures mondiales, nous devrions diviser ce chiffre par cinq. Autre « petit » détail, le pic pétrolier conventionnel a été franchi en 2008 ! Quoi que nous fassions, l’essence se fera de plus en plus rare et coûtera de plus en plus cher.
Rappelons enfin, s’il fallait en rajouter, que la pollution tue 40 000 personnes par an en France, selon Santé publique France. Adieu donc voiture thermique, polluante et bruyante, on ne te regrettera pas !
Les voitures électriques sont-elles vraiment plus écologiques que les modèles thermiques ?
La voiture électrique, est-ce vraiment mieux ? Ne remplace-t-on pas un problème par un autre ? Pour comparer ce qui est comparable, il faut prendre en compte l’ensemble du cycle de vie d’un véhicule, c’est-à-dire l’extraction des matériaux nécessaires à sa fabrication, sa production, son usage et son recyclage.
Ainsi, produire une voiture électrique émet indéniablement plus de gaz à effet de serre que son équivalent thermique. En cause, la fabrication des batteries : elle intègre de nombreux minerais et s’effectue à ce jour majoritairement en Pologne et en Chine, où l’énergie principale reste le charbon.
À l’usage, l’impact environnemental du véhicule électrique dépend en revanche du mode de production de l’électricité utilisée. En France, le mix électrique est majoritairement nucléaire et donc décarboné. Sur environ 200 000 km, une voiture électrique émet globalement deux à trois fois moins de CO2e que son équivalent thermique. Selon l’étude « je roule en électrique », l’empreinte carbone d’un véhicule thermique moyen en Europe, sur tout son cycle de vie serait de 57 tonnes CO2e et celui d’un véhicule électrique de 20 tonnes. Même si nous sommes très loin du « Zéro impact » sur lequel communiquent les constructeurs, la différence est assez importante pour voir dans la voiture électrique un moyen de transport intéressant quand on ne dispose d’alternatives plus vertes (voir plus bas).
Pour approfondir ce sujet, consultez notre article consacré à ces questions fondamentales.
Quelle est la voiture électrique la plus écologique ?
Selon l’ADEME1, une voiture électrique roulant en France présente un intérêt environnemental certain à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable, c’est-à-dire inférieure à 60 kWh et juste adaptée à l’usage majoritaire du véhicule (par exemple domicile/travail). Bien entendu ce point pose la question cruciale de l’autonomie du véhicule.
Côté pile, le poids du véhicule est un critère primordial pour que cet achat soit vraiment vertueux pour l’environnement. Un véhicule électrique lourd possède une plus grosse batterie pour l’alimenter. Il est donc non seulement plus énergivore à l’usage mais aussi lors de sa fabrication. Troquer son SUV thermique contre son alter ego électrique n’est donc pas l’idée verte du siècle. Pourtant, en 30 ans, nos voitures se sont alourdies en moyenne de 30 %. Il est temps de mettre au régime nos mastodontes !
Les bonus et autres mesures d’incitation à l’achat de voitures électriques doivent être fléchés vers les véhicules plus légers. Corrélativement, le malus au poids, devrait non seulement être renforcé pour les véhicules polluants, mais aussi étendu aux électriques trop lourdes2.
Côté face, la question de l’autonomie et de la recharge : avec le prix d’achat, c’est le principal frein à l’achat pour beaucoup d’entre nous. Même si la plupart de nos déplacements en voiture ne dépassent pas 300 km, comment traverserons-nous la France au mois d’août avec un véhicule possédant une autonomie de 250 km ? Pourtant, dans un monde plus sobre, nous allons devoir modifier nos habitudes issues des 30 Glorieuses : prendre le temps de recharger la batterie de la voiture (et la sienne), en profiter pour visiter les jolis villages de notre pays, faire étape chez nos amis…
Pour tout savoir sur les modalités de recharge des batteries électriques, reportez-vous à notre FAQ.
Comment connaître l’empreinte carbone d’une voiture électrique ?
Vous ne trouverez pas l’analyse du cycle de vie sur les brochures des constructeurs. Heureusement, il existe aujourd’hui l’outil d’analyse du cycle de vie proposé par le consortium Green NCAP dont fait partie l’UFC-Que Choisir. Il permet d'estimer les contributions de chaque étape de la vie de la voiture, de la mine jusqu’au recyclage. Une grande partie des modèles du marché sont répertoriés et nous avons utilisé ce calculateur pour notre comparatif sur la base d’une longévité de 16 ans et de 240 000 km.
Devons-nous tous passer à la voiture électrique ?
La voiture électrique n’est pas l’alpha et l’oméga du déplacement écologique. Pour une question de ressources et d’énergie, remplacer numériquement le parc automobile thermique mondial par des modèles électriques n’est pas envisageable. Aidés des politiques publiques, il nous faut surtout repenser notre rapport aux déplacements. En fonction de la situation familiale, géographique et professionnelle de chacun, de nombreuses alternatives existent :
- Les transports en commun bien sûr… à condition d’en avoir !
- Le covoiturage pour les trajets domicile/ travail pour remédier à l’autosolisme.
- Le vélo avec ou sans assistance électrique, le scooter ou la trottinette électrique pour les urbains, mais aussi le vélo cargo si vous avez des enfants.
- Enfin, si vous utilisez peu votre voiture thermique (moins de 3 000 km par an), faites-la durer le plus longtemps possible. Vous éviterez ainsi la production d’un nouveau véhicule.
Le prix : un frein à l’achat ?
À modèle équivalent, le véhicule électrique présente un prix d'achat systématiquement supérieur au véhicule thermique, même avec les aides d'État (voir notre FAQ et notre article complet consacré au sujet). Mais là encore, mieux vaut raisonner sur le cycle de vie du véhicule, appelé ici coût total de possession (TCO), que sur le seul achat : l'énergie et l'entretien du véhicule électrique sont moins coûteux qu'un véhicule thermique.
Les constructeurs proposent le plus souvent une location longue durée avec option d’achat (leasing) ce qui permet de lisser la charge sur plusieurs années. Enfin, le marché de l'occasion électrique devrait considérablement se développer dans les années à venir et en démocratiser l’accès.
Vous avez les idées plus claires et vous vous sentez prêts à rouler électrique ? Le Kaba a préparé pour vous un comparatif des voitures électriques et sélectionné quelques modèles légers, principalement fabriqués en France, ainsi que deux versions familiales.
Revoir des habitudes acquises parfois depuis plusieurs décennies, c’est forcément un peu difficile. Mais recharger son véhicule chez soi, c’est aussi très appréciable !
Quel bonheur de ne plus culpabiliser (et de ne plus siphonner son compte en banque) à chaque plein d’essence !