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La vérité sur les tensioactifs

Tiffany Konaté
Tiffany Konaté
Publié le
Les décryptages

Les tensioactifs. Un terme qui revient souvent, notamment lorsqu’on parle savon ou shampoing solide. Mais qu’est-ce qui se cache derrière les tensioactifs, appelés aussi les surfactants et quels sont leurs méfaits sur l’environnement ?

Photo by Elsa Olofsson on Unsplash

Vous est-il déjà arrivé de vous laisser tenter par un après-shampoing solide et de vous en détourner rapidement, pour retourner illico à votre produit habituel ? Bien des utilisateurs regrettent en fait le caractère non-moussant des produits d’hygiène verts. Odeur, texture, tout est différent… avec en prime une sensation de “pas assez lavé”! Avec un effet pervers à la clé : si le shampoing ne lave pas bien, vous pourriez augmenter la fréquence des lavages. Mais ce caractère moussant vient justement des tensioactifs, souvent décriés. Alors, bien ou mal, les tensioactifs ? Comment s’y retrouver ? Le Kaba vous dit tout.

Qu’est ce qu’un tensioactif?

Pour faire simple, un tensioactif n’est rien d’autre qu’une molécule. Une molécule certes, mais avec une structure particulière : elle est amphiphile. Concrètement, cela signifie (un peu comme pour les piles) qu’elle a deux côtés. Une partie du tensioactif est apolaire et lipophile : elle retient les matières grasses, comme l’huile. L’autre partie est polaire et hydrophile : elle se mélange donc dans l’eau. Pas besoin d’étudier la chimie pour comprendre leur intérêt pour le monde de la cosmétique! La quasi-totalité des produits de beauté et de soin que nous utilisons mélangent composants aqueux et huileux.

Les tensioactifs sont émulsifiants. Concrètement, cela veut dire qu’ils font office d’agents “liants” pour venir mélanger les composants aqueux et huileux. Nous avons tous déjà fait le test par nous-mêmes : en mélangeant de l’huile et de l’eau dans une bouteille, on remarque rapidement que l’huile remonte à la surface, formant une couche séparée de l’eau, sans jamais s’y mélanger. Voilà pourquoi les tensioactifs entrent en jeu dans la formule … et dans la liste INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients), qui figure au dos de notre shampoing à l’huile d’amande douce préféré 1. En plus de leurs propriétés stabilisatrices et lavantes, les tensioactifs jouent aussi le rôle d’agent moussant. Mais vous l’aurez deviné, les tensioactifs peuvent parfois se transformer en véritable cadeau empoisonné.

Photo by Ali Muhamad on Unsplash

Le danger des tensioactifs

Irritants, toxiques, perturbateurs endocriniens… Certains tensioactifs constituent un réel danger pour notre santé. De façon générale, les tensioactifs de synthèse - issus de la pétrochimie - sont les plus irritants. De plus, ils sont peu biodégradables et libèrent en se décomposant des composés chimiques parfois plus toxiques que sur le produit initial.

Les tensioactifs à éviter absolument sont :

  • les SLS (Sodium Lauryl Sulfate),
  • les SLES (Sodium Laureth Sulfate), qui libèrent lors de leur fabrication un contaminant classé cancérigène, le 1,4 Dioxane2. On leur reproche aussi une toxicité hépatique, c'est-à-dire qu’ils s’attaquent au foie.
  • l’ALS (Ammonium Lauryl Sulfate), autorisé par certains cahiers des charges des labels Bio - à condition d’être couplé à certains cotensioactifs qui l’adouciraient -, est également controversé car potentiellement irritant.

la CAPB (Cocamidopropyl betaine) et le Sodium Cocoamphoacétate sont aussi interdits par certains labels, qui les jugent incompatibles avec une vraie orientation naturelle.

Les tensioactifs doux

Heureusement, il existe des alternatives, utilisées notamment en cosmétique bio ! Ces tensioactifs sont doux et non ioniques. Cela leur permet d’être non irritants, et entièrement biodégradables.

Quelques noms pour que vous puissiez les repérer :

On utilise beaucoup les acides aminés, que vous reconnaîtrez dans vos produits bio au composant “glutamate” : Disodium cocoyl glutamate, Disodium lauroyl glutamate, etc…

Plus fréquents encore, les composants se terminant par “glucoside”. Ce sont les APG (alkylpolyglycosides), obtenus à partir des huiles végétales ou des sucres (le coco glucoside, le lauryl glucoside, ou encore le decyl glucoside).

Le Sodium Coco Sulfate, dérivé sulfaté des acides gras de l’huile de coco, est aussi certifié par les labels EcoCert et Cosmébio.

Photo by Kristina Balić on Unsplash

Très prisé par les marques bio (dont les produits peuvent en contenir jusqu’à 75%!), le SCI (Sodium Cocoyl Isethionate). Mais celui-ci pose tout de même question. S’il possède un bon pouvoir moussant, et est entièrement biodégradable, son procédé de fabrication lui vaut de ne pas être approuvé par EcoCert. En cause, l’oxyde d’éthylène, classé toxique par inhalation et cancérigène, à la fois pour le personnel de fabrication et pour les organismes aquatiques lorsqu’il est déversé dans la nature 3. Même problème pour le SLMI (Sodium Lauroyl Methyl Isethionate), également issu de la chimie lourde.

Les glutamates et les glucosides restent dans les faits la solution la plus éco-responsable, sans toutefois cocher toutes les cases. Alors que les glucosides ne sont pas utilisables dans les shampoings solides et nécessitent donc des emballages plastiques, le glutamate ne mousse pas pour un sou. A vous donc, de faire vos choix éclairés en fonction de vos préférences personnelles, tout en sachant qu’il n’existe pas (encore) de solution miracle sur le marché!

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