Jeudi 4 avril, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à interdire, à partir du 1er janvier 2026, la fabrication et la vente des produits contenant des PFAS, autrement désignés “polluants éternels”. Une prise de conscience salutaire mais bien tardive.
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Les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont une immense famille de molécules de synthèse développées depuis presque 100 ans par l’industrie chimique pour leur résistance à la chaleur et leur imperméabilité. Ils sont par exemple utilisés dans les textiles imperméables (Scotchgard, Gore-tex), les poêles antiadhésives (Téflon), les emballages alimentaires, certains cosmétiques (maquillage waterproof notamment), etc. Impossible de tout énumérer car on les retrouve absolument partout. Or, l’exposition à certains PFAS a été reliée à des cancers, à la baisse de fertilité ou encore aux problèmes de développement des jeunes enfants.
L’éternel scandale
Le scandale des PFAS ne date pas d’hier puisqu’il a éclaté aux Etats-Unis dans les années 1990. Comme nous vous l’expliquions dans notre comparatif sur les poêles et casseroles, le célèbre Téflon, intégrait alors du PFOA (acide perfluoro-octanoïque). Ce produit fut reconnu comme cancérigène par l’Agence américaine de l’environnement en 2005. Le film Dark Waters sorti en 2020, réalisé par Todd Haynes relate cet épisode qui, malheureusement, ne suffira pas à supprimer le problème. En effet, les PFAS sont qualifiés de polluants éternels car ils s’accumulent dans la nature ou le corps humain et sont quasiment indestructibles.
En Europe, le journal Le Monde a enquêté avec des journalistes de 17 médias partenaires pour tenter de mesurer l’ampleur de cette contamination. D’après leurs estimations fondées sur des milliers de prélèvements environnementaux, l’Europe compte aujourd’hui plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics (au-delà de 10 nanogrammes par litre).
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La contamination y atteint des niveaux jugés dangereux pour la santé (plus de 100 nanogrammes par litre) dans plus de 2 100 sites ! En France, ces PFAS (en particulier le PFOS et PFOA) sont toujours présents dans le sang de la totalité de la population, adultes et enfants, comme l’a montré le programme de biosurveillance Esteban en 2020. En effet, l’alimentation représente 97 % à 98 % de l’exposition au PFOS et au PFOA selon le programme européen HBM4EU. Parmi les aliments les plus contaminés figurent les poissons et les fruits de mer, mais aussi la viande, le lait ou les œufs via l’eau ingérée par les animaux d’élevage. De quoi donner envie de devenir vegan ! D’où le texte porté par le député écologiste de Gironde, Nicolas Thierry visant à interdire sur le territoire français la fabrication et la vente de tous les produits contenant des PFAS.
Seb sauve ses casseroles
Lors du rachat de la marque Tefal en 1968, Seb a décidé de fabriquer son propre revêtement, sans PFOA, et dont le groupe affirme qu’il ne présente aucun danger. La proposition de loi a donc suscité la colère de centaines de salariés du groupe SEB, soutenus par leur employeur, venus manifester le 3 avril devant les grilles de l’Assemblée nationale à Paris, la veille de son examen.
Le jeudi 4 avril, le texte a cependant été adopté en première lecture et à l’unanimité. Les emballages alimentaires en ont été supprimés car le secteur sera intégré à un prochain règlement européen sur les emballages. Enfin, la majorité a fait retirer l’alinéa visant les ustensiles de cuisine afin de « laisser le temps nécessaire » aux industries françaises « pour leur permettre de trouver des alternatives satisfaisantes ». Un bel exemple de chantage à l’emploi réussi !
Pourtant, il existe des milliers de sortes de PFAS et il est plus aisé de mettre un nouveau produit chimique sur le marché que de l’en faire retirer ! Puisque la majorité des travaux scientifiques s’étaient concentrés sur le PFOS et le PFOA, les connaissances des effets de la plupart des autres PFAS sont encore limitées, en particulier concernant leur caractère cancérogène. Reste que les produits cosmétiques, de fart (pour les skis) et les produits textiles d’habillement contenant des substances per- et polyfluoroalkylées, à l’exception des vêtements de protection pour les professionnels de la sécurité sont concernés par la proposition de loi. Un contrôle de l'eau potable, une carte des sites émetteurs et une taxe pollueur-payeur sont aussi prévus. Pour être définitivement adopté, le texte devra encore être examiné par le Sénat.
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En attendant, qu’il s’agisse de casseroles, de vêtements ou de cosmétiques, n’oubliez pas de consulter le site du Kaba pour retrouver toutes les marques responsables !
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