En 2022, les magasins bio ont assisté à une baisse de près de 9 % de leur chiffre d’affaires. Après une décennie d’expansion, des chaînes de la première heure comme la Biocoop ou Naturalia ont connu un brutal coup d’arrêt. Nombre de commerces bio sont en difficulté financière ou ferment. La baisse du pouvoir d’achat des Français, attaqué par la hausse des prix et en particulier de l’énergie, explique évidemment ce phénomène. Seulement 6 % de la consommation alimentaire des ménages ont été consacrés aux produits bio en 2022.
Bref, à l’heure où l’Europe renouvelle pour 10 ans l’autorisation d’utiliser le glyphosate, cet herbicide plus que controversé, la bataille du bio n’est vraiment pas gagnée. Pourtant, par définition les enjeux sont vitaux. Dans cet article, Le Kaba vous rappelle pourquoi et comment continuer à consommer bio malgré l’inflation.
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Pourquoi faut-il continuer à consommer bio ?
Certes, l’inflation a fait beaucoup de mal au bio. Peut-être aussi que la multiplicité des enjeux environnementaux (climat, déchets, biodiversité…) embrouille et désengage une partie des consommateurs. Pour se (re)convaincre de la nécessité de consommer bio, voici une petite piqûre de rappel des bienfaits de ce mode de production :
Conserver une planète habitable
Un enjeu majeur ! L’être humain n’a de cesse de repousser ses limites… et affiche même une fâcheuse tendance à transgresser celles de la nature ! Il existe neuf frontières planétaires qui sont des processus physiques, chimiques ou biologiques permettant de garder une planète habitable pour l’espèce humaine (cf. illustration). Six d’entre elles sont déjà franchies, en grande partie à cause de l’agriculture intensive et conventionnelle : on parle là du changement climatique, mais aussi de la biodiversité, du changement d’usage des sols, du cycle du phosphore et de l’azote...Dit plus simplement, la déforestation, ainsi que la pollution des eaux et des sols, menacent fortement l’avenir de l’humanité ! Certes, l’agriculture biologique est moins productive que l’agriculture intensive et nécessite donc plus de terres : elle devra de ce fait recourir à des méthodes comme l’agroforesterie et s’accompagner impérativement d’une baisse de la consommation de viande dans la population.
Frontières planétaires
Préserver sa santé et celle des agriculteurs
L’alimentation est la principale voie d’exposition aux pesticides dans la population générale. Des études scientifiques ont démontré que les personnes qui mangent fréquemment bio, en comparaison avec celles qui n’en mangent pas, présentent 23 % de risques en moins d’être en surpoids. Une consommation régulière d’aliments bio réduit même de 25 % le risque de développer un cancer. La différence est particulièrement frappante pour le cancer du sein chez les femmes (- 34 %) et les lymphomes (- 76 %).
Si nous, consommateurs, sommes exposés, que dire des agriculteurs qui manipulent quotidiennement ces produits et vivent avec leur famille à proximité des cultures ? Aux États-Unis, Bayer croule sous les procédures liées au glyphosate ! Même si un lien causal reste à prouver, de nombreuses études nord-américaines démontrent un surcroît de cancers dans les populations agricoles exposées aux pesticides.
L’agriculture présente bien d’autres vertus : l’élevage biologique prend en compte le bien-être animal tandis que l’élevage intensif considère les animaux comme de simples objets (et encore). Poules, cochons et canard subissent en particulier des traitements qui déshonorent notre humanité. Elle préserve davantage les ressources en eau et utilise moins d’énergies fossiles. Enfin, économiquement parlant, les agriculteurs bio sont mieux rémunérés pour leur travail, ce qui est évidemment essentiel.
Comment continuer à consommer bio malgré l’inflation ?
Malgré tous ces avantages, il n’en reste pas moins que les produits bio sont en moyenne plus chers que les produits conventionnels, principalement en raison des coûts de main-d’œuvre supplémentaires. Pour autant, en 2022, l’inflation sur le bio n’a atteint « que » 4 % contre 6,7 % dans l’alimentaire en général. En effet, les produits conventionnels sont exposés à l’augmentation des tarifs des engrais et de pesticides de synthèse contrairement à l’agriculture biologique, plus résiliente. Les agriculteurs et les industriels bio sont généralement de petites structures qui utilisent moins d’énergie pour le transport, l’emballage, et la transformation. Et puis il y a bio et bio : le bio de la grande distribution n’est pas celui des circuits court. En 2019, l’UFC-Que choisir dénonçait des marges brutes dans la grande distribution en moyenne 75 % plus élevées sur les produits bio que sur les autres denrées !
Alors comment faire face malgré tout ? Voici quelques conseils pour continuer à manger bio sans se ruiner !
Végétaliser son assiette
Bio ou non, la viande et le poisson coûtent cher : en réduisant leur consommation, voire en la supprimant, vous ferez de substantielles économies tout en faisant un geste fort pour la biodiversité. Consommez à la place des légumineuses, des céréales, du tofu ou des œufs (bio bien sûr !). Vous trouverez sur le site du Kaba des idées de plats familiaux végétariens ou de soupes-repas très faciles à réaliser !
Cuisiner des produits bruts et de saison
Pour dépenser moins, cuisinez plus ! Si les produits transformés bio sont plus coûteux que les autres, c’est loin d’être toujours le cas des produits bruts et de saison. Changez votre façon de construire vos menus et adaptez-vous aux offres du moment : un prix intéressant sur les pommes bio, lié à un pic de production ? C’est le moment de se régaler de tartes, crumbles et de préparer quelques bocaux de compotes. Quitte à recourir à l’aide précieuse d’un robot culinaire ! N'oubliez pas que vous pouvez préparer et congeler certains fruits et légumes, mais aussi les déshydrater ou opter pour la lactofermentation.
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Se tourner vers les circuits courts
Acheter directement au producteur, au marché, sur l’exploitation, par le biais des AMAPS ou autres paniers bio permet de contourner la commission des grossistes et de contribuer à l’économie locale. Et quelle satisfaction d’échanger avec ceux qui nous nourrissent !
Acheter en vrac
Dans une étude sur les produits bio vendus en vrac publiée en avril 2022, l’Institut National de la Consommation met en avant qu’en magasin bio, les amandes bio sont en moyenne 20 % moins chères vendues en vrac que lorsqu’elles sont vendues en préemballé. Pour les lentilles vertes bio, la différence est de 17 % et même de 43 % pour l’huile d’olive. Moins de déchets, moins de dépenses c’est gagnant/gagnant !
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Passer aux formats XXL
Famille nombreuse, famille heureuse… mais ruineuse lorsqu’il faut (sainement) nourrir une kyrielle d’ogres en pleine croissance ! Et si vous passiez à la taille supérieure ? Vous pouvez commander en ligne des sacs de muesli de 3 kg par exemple sur des sites comme La Fourche ou Greenweez qui proposent des formats familiaux très avantageux !
Certes, les produits bio ne pourront jamais rivaliser avec les prix du hard discount. Cependant, ne perdons pas de vue que ces modèles économiques low-cost creusent notre dette envers la nature ce qui, à terme, risque de coûter très cher à l’humanité !
Retrouvez sur notre site tous nos conseils pour un mode de vie respectueux de la planète et de ses habitants !