Malgré des prévisions alarmantes, l’accélération du réchauffement climatique n’est pas une fatalité. Que faut-il retenir du rapport rendu le mois dernier par le GIEC (Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) ? Le Kaba revient pour vous sur les points essentiels.
Crédit : UNESCO/ LUC VALIGNY
Publié le 9 août 2021, le sixième rapport du GIEC établit un constat alarmant sur l’accélération du réchauffement climatique. Forts de 14 000 études scientifiques réalisées sur les huit précédentes années, les 234 scientifiques du groupe intergouvernemental d’experts sont formels : d’ici 2030, la température de la planète devrait augmenter de près d’1,5°C. Or, dans son cinquième rapport publié en 2013, l’institution prévoyait une telle hausse d’ici 2040. En poursuivant à ce rythme, le climat pourrait ainsi augmenter de 3,3 à 5,7° en 2081- 2100 dans le scénario très émetteur, selon les cinq scénarios justement étudiés par l’institution… soit des résultats largement supérieurs aux engagements des Accords de Paris de 2015, qui avaient quant à eux fixé l’objectif de rester en deçà des + 2°C.
Un réchauffement climatique potentiellement “irréversible pour des siècles ou des millénaires”
Premiers effets visibles du changement climatique : les catastrophes naturelles, dont les canicules observées cet été, notamment au Canada, ne seraient qu’un exemple. L’augmentation du niveau des océans, phénomène qui s’était déjà amplifié au cours de la dernière décennie, pourrait lui aussi connaître un changement d’échelle drastique, avec une potentielle élévation du niveau des eaux de deux mètres d’ici à 2100. Enjeu majeur du réchauffement climatique, la fonte des glaces a été qualifiée par les experts de “point de rupture”, aux conséquences “dévastatrices, radicales et irréversibles” pour l’humanité, “pour des siècles ou des millénaires”.
Un responsable : l’Homme
À l’origine du réchauffement climatique, l’émission par l’Homme des gaz à effet de serre, notamment de par l’utilisation des énergies fossiles. Depuis les Accords de Paris, de nombreux États n’ont en effet pas revu leur copie en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, la concentration de gaz carbonique (CO2) dans l’air est de 410 parties par million (ppm), soit une concentration qui n’avait jamais été atteinte en deux millions d’années. Pour les climatologues, l'activité humaine est “responsable sans équivoque” de l’accélération du réchauffement climatique, provoquant “des changements rapides dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère.”
Crédit : UNESCO / Christelle Alix
“Décarboner” de toute urgence
Un deuxième rapport de l’institution intergouvernementale, portant sur les impacts et les solutions pour limiter ce réchauffement climatique, devrait paraître d’ici 2022. D’ici là, la nécessité de freiner immédiatement les émissions carbone (CO2), ou encore de méthane (CH4), qui s’impose comme primordiale, absolue, et urgente. Si elles sont drastiquement réduites dès les mois à venir, la barre des 1,5°C pourrait ne pas être dépassée pour 2100 selon le scénario le plus optimiste (très peu émetteur, avec +1,4°). En effet, selon le scientifique suédois Johan Rockström, directeur de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique en Allemagne, interviewé par Le Monde, en août 2021 : “La façon dont nous définissons la croissance économique aujourd’hui n’est pas compatible avec le réchauffement climatique […] Il faut décarboner de toute urgence et de manière très radicale nos sociétés et nos économies.” Sans évoquer une timide compensation carbone, à moins de deux mois de la COP 26 de Glasgow, le scientifique appelle à ce que les 195 pays signataires s’engagent “à ne produire aucune émission nette d’ici à 2050, ce qui implique d’éliminer les combustibles fossiles au cours des trente prochaines années.” Si chacun d’entre nous, à son échelle, peut contribuer à réduire pas à pas son empreinte carbone, plus que jamais, de réelles mesures doivent être prises à l’échelle gouvernementale.
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