Les parfums naturels

La synthèse, fausse coupable

Que vous l'aimiez enivrant, délicat, gourmand ou enveloppant, le parfum est une affaire personnelle. Souvent accompagnées d’un Nez, le défi des marques est de se “démarquer” en proposant des associations uniques, qui rendront votre expérience inoubliable. Mais pour produire un parfum plus puissant, plus coriace sur la peau, (et moins cher à produire) certaines entreprises privilégient le synthétique aux senteurs naturelles des fleurs sauvages. Une choix qui a notamment rendu possible la création d’emblèmes tels que le N° 5 de Chanel ou le Shalimar de Guerlain.

Par exemple, saviez-vous qu’il est impossible de créer un parfum aux véritables effluves de muguet ou de lilas ? Leur rendement olfactif étant trop faible, elles sont obligatoirement fabriquées synthétiquement. Si des ingrédients tels que l’éthyl-maltol, l’Ambroxan ou les Aldéhydes peuvent effrayer à leur lecture, elles sont en réalité inoffensives. Un simple composé chimique qui permet la création d’odeurs qui n’existent pas forcément dans la nature. En plus, le synthétique permet aujourd’hui de protéger certains animaux dont le chevrotin mâle, dont on utilisait l’une des glandes pour fabriquer le fameux musc.

Butylène-Glycol, Benzophenone, linalol… qui sont les perturbateurs ?

Il est fréquent de lire aujourd’hui sur les flacons de parfum qu’ils sont “naturels”, parce que des extraits de fleurs ou de noix de muscade ont effectivement été diluées dans l’alcool. Mais dans le même flacon stylisé, c’est un joyeux mélange d’allergènes, de perturbateurs endocriniens ou de substances toxiques et cancérigènes qu’on retrouve et qui peuvent menacer votre santé. Le Benzophénone par exemple, qui est un filtre solaire classé comme “peut-être cancérogène pour l'homme (Groupe 2B)”, par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l'OMS¹. 

Le magazine 60 millions de consommateurs a analysé que l’on trouverait en moyenne 22 allergènes par flacon de parfum. Les plus fréquents ? Le linalol, présent dans la quasi totalité des huiles essentielles, et le limonène qui donne cette odeur de citron ou d’orange. A éviter aussi, le butylhydroxytoluène et butylphényl méthylpropional, suspectés d’agir comme des perturbateurs endocriniens².

Naturel, mais pas éco-responsable pour autant

Quand elles ne sont pas toxiques, certaines substances utilisées par les marques de parfum sont en revanche nocives pour l’environnement. En 2018, une étude du Colorado et de Berkeley a révélé qu’environ la moitié de la pollution atmosphérique en milieu urbain était imputable aux particules fines produites par les parfums et les pesticides.⁴

Outre le musc, d’origine animale, on retrouve aussi parfois des phtalates, des plastifiants qui agissent comme fixateurs. 90 % de la production de phtalates est destinée aux PVC … Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont, eux, des “constituants naturels du charbon et du pétrole, ou qui proviennent de la combustion incomplète de matières organiques” explique Cancer Environnement. En plus d’être classées cancérogènes par le CIRC, ils seraient en partie responsables de la contamination des sols. 

Et puisque l’alcool représente entre 75% et 98% du parfum final, les marques de parfum éco-responsables prennent aussi le parti d’utiliser de l'alcool végétal en remplacement de l’alcool éthylique dénaturé par des substances synthétiques et chimiques.C’est ainsi qu’on trouve aujourd'hui de l’alcool bio, fait de blé, de betterave ou de seigle. Associé à de l’eau et un composé olfactif 100% naturel : vous ne risquez plus rien à vous embaumer de parfum tous les matins !